Le numérique aura un mérite celui d’ouvrir la voie à l’auto-production.
Un artiste entrepreneur n’attend pas, il est actif, là où l’artiste qui ne veut pas faire autre chose que suivre un wagon restera passif.
De nombreux photographes et vidéastes sont devenus des marques, ils ont monté leur propre société (un peu comme tout photographe freelance), mais ont surtout décidé de devenir leur propre rédacteur en chef. Là où on devait attendre l’impulsion des autres, ils ont décidé de devenir le moteur de leur projet.
En soi cela ne révolutionne rien, car de nombreux photographes auteurs choisissait eux-mêmes le sujet de leur expo ou répondaient à des appels d’offre… Ce qui a changé ici, c’est la rémunération. Là où le photographe n’était que soumis à la demande d’une tierce personne, les nouveaux artistes du web qui deviennent leur propre média sont ceux qui décide du contenu et de la manière de diffuser.
Le paradoxe de la musique :
En musique, c’est compliqué, beaucoup d’artistes refusent par peur de perdre leur intermittence, en réalité ils confondent ce qui ressort de la création et ce qui ressort de la prestation.
Un artiste sur scène peut soit facturer, soit être salarié (sous forme de cachet, menant à l’intermittence). Dans tous les cas, pour exister un artiste a besoin d’un statut juridique et social.
Actuellement, les artistes cumulent des casquettes et vont avoir la tâche de savoir déléguer astucieusement : monter une SAS et rester minoritaire ? Monter une association et ne pas faire partie du bureau afin de pouvoir se payer ? Dans tous les cas, même s’il était dans le bureau l’artiste pourrait se rembourser ses frais en tant que membre du bureau, mais il ne pourra pas se verser se salarie excepter si l’association devient une association d’utilité publique et qu’elle encaisse un CA suffisant… Mais dans tous les cas, son salaire ne sera jamais très élevé, car la rémunération des dirigeants d’association est encadrée et contrôlée par les impôts.

Mais alors pourquoi autant de bruit ?
Tout simplement parce qu’à l’heure du numérique et du digital, de nombreux artistes ont coupé court et de plus l’industrie du disque dit perdre en termes de revenus. Le passage du physique au digital s’est fait d’une manière abrupte et les différents acteurs sont encore en pleines négociations pour fixer des barèmes plus équitables.
Quoi qu’il en soit, de nos jours prendre un producer qui compose et produit dans sa chambre est plus rentable pour une major que de prendre un groupe de rock, qui composent, mais devra impérativement s’enregistrer en studio avec une équipe.
Le manager le vilain monsieur, les éditeurs les voleurs du dimanche
De nombreux postes sur les réseaux dénoncent l’existence de la Sacem, des éditeurs et des manageurs… Mais ces personnes ne comprennent pas vraiment le rôle de ces trois acteurs de la musique. En photographie un équivalent existent, mais comme personne ne veut vraiment les accepter, ceux qui ont recours à des sociétés de gestions d’œuvre peinent, excepter dans le domaine de la littérature où la SOFIA a réussi à imposer son activité, le reste devient très anecdotique.
Un manageur ne prendra pas plus de 10% des gains/revenus d’un artiste, mais beaucoup de société de management commencent à facturer forfaitairement et c’est peut-être ici que la notion d’abus peut-être évoquée. Pourtant, il faut réaliser qu’un manager qui ne prend que 10% vivra très mal durant plusieurs années, et parfois toute sa vie. Bien souvent quand l’artiste commence à vraiment réussir, il abandonne son contrat au profit d’un directeur artistique d’une maison de disque. Ce que l’artiste ne sait pas ou ne veut pas comprendre c’est qu’un manager travaille pour lui, tandis qu’un DA d’une maison de disque ne travaille uniquement pour son employeur.
Cette nuance peut faire la différence, là où un manager sera capable d’aller par amour et par foi en son artiste, le DA pourrait dire non. Un DA a des horaires qu’il fera respecter très rapidement tandis qu’un manager aurait tendance à se dire présent quoi qu’il arrive pour son poulain, même si de nombreux ténors de la profession expriment l’importance de savoir mettre des limites et faire la liste des choses qu’ils ne feront jamais.
Ainsi, de nombreux managers refusent les tâches ménagères, refusent de s’occuper des courses ou de la vie sentimentale de leur artiste.
Il arrive que certains managers selon le modèle américain soient des avocats. Il y a des avocats qui prennent une commission sur les avances négociées et vont vous aider à vous structurer ! Il faut toujours bien faire attention et savoir comment on souhaite gérer son patrimoine : devenir co-éditeur, co-producteur donc détenteur à 50% de ses masters…
Un éditeur ?
Un éditeur, qu’est-ce que c’est ? On va dire un directeur artistique qui veut une chose, aider votre œuvre à exister ! Un éditeur s’occupe également du dépôt, de vérifier que toutes les œuvres soient rémunérées par les diffuseurs ; ils s’occupent du tracking de vos œuvres via des logiciels qui vont scanner le web et les différentes bandes de diffusions. Sans éditeur, il faut passer par des sociétés qui le font sous rémunération et commission sur la somme récupérée. Autant vous dire qu’il faut avoir confiance en son éditeur et qu’il fasse vraiment tout cela… Ne pas le faire c’est parfois s’assoir sur des droits. De même, quand vous devez négocier avec une production ou un music supervisor, il est plus simple que ce soit un éditeur qui le fasse que vous, qui n’avez pas forcément les compétences juridiques et administratives pour le faire.
Un éditeur dans ces cas très précis aura des arguments, là où un artiste seul finira bien souvent par dire oui à tout.
La Sacem et les éditeurs sont vos alliés, si vous travaillez souvent et énormément, avoir un éditeur qui fasse le travail de tracking est primordial. Il arrive même que des productions étrangères prennent vos œuvres sans vous le dire, d’ailleurs en télévision il peut arriver que dans un contenu de flux (exemple famille XXL) vous soyez synchronisés, mais qu’il y ait une erreur dans la déclaration de l’œuvre, avoir un éditeur qui fasse du tracking permet de pouvoir réclamer l’oubli de répartition à la SACEM.
Un artiste entrepreneur va donc déléguer à une équipe plusieurs tâches :
Le juridique, l’image, la promotion… Tel un chef d’entreprise. Un artiste entrepreneur monte une marque et devient son propre label. Mais rien ne lui interdit d’aller signer dans une maison de disque, c’est d’ailleurs son intérêt, sauf s’il arrive seul à créer une économie autosuffisante !
Merci pour ce partage qui nous est bien utile ! Le mot artiste et entrepreneur ne sont pas des gros mots et ne sont pas incompatible !
Bonne journée, Alban https://linktr.ee/albanfreneau
En réalité, ceux qui sont contre la structuration, contre la Sacem etc ne comprennent pas que s’ils ne le font pas, ils vont restés dans leur cave en solo et parfois se faire baffouer leur droit.